Comment Khiva?
Posted by Celine & Julien Cornet on Wednesday, September 7, 2011 Under: 09 Ouzbékistan
Première des légendaires cités de la route de la soie à ponctuer notre chemin, voici Khiva, vieille ville âgée de 2500 ans plantée au milieu du désert Ouzbek à la frontière turkmène…
Figée dans le temps, ses monuments ocre et azur nous ont directement transportés au temps où les caravanes de chameaux passaient les hautes portes des fortifications de la ville, et où mosquées et medressas fourmillaient d’activités.
La ville a connu son heure de gloire autour du 15ème siècle (Genghis Khan était passé au 12ème siècle et l’avait, bien entendu, réduite à néant). Son marché aux esclaves fut l’un des plus côtés d’Asie centrale, mais de ce marché il ne reste nulle trace physique. Au 17ème siècle, Khiva devient la capitale du khanat, et de nombreuses mosquées et medressas (écoles d’enseignement coranique) y sont construites, ainsi que quelques mausolées. Les caravanes qui y passent viennent de Boukhara, de Perse, d’Inde et de Russie… La ville a eu la chance de peu changer depuis, et est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco.
Nous avons donc eu la chance de déambuler parmi les monuments préservés et de nous perdre volontairement dans les ruelles tortueuses de la vieille ville.
Les monuments religieux paraissent d’autant plus raffinés que leurs briques émaillées azur, blanches ou turquoise et leurs motifs élégants contrastent avec la simplicité des maisons en briques de terre crue.
Les très nombreuses medressas sont souvent composées d’un large fronton avec une arche en ogive rappelant celle des mosquées, mais l’intérieur diffère : ces écoles sont souvent articulées autour d’un patio carré, avec des cellules d’étudiants très simples disposées sur deux niveaux.
Les mosquées n’ont généralement pas de patio intérieur, mais une vaste salle surmontée d’une grande coupole. Le mihrab indique la direction de la Mecque, et des niches abritent parfois des tombes d’hommes illustres devant lesquelles des fidèles se recueillent silencieusement en faisant le geste d’amin devant le visage en guise de remerciement.
Tous ces bâtiments comportent souvent des iwans, qui sont des sortes d’auvent reposant sur des colonnes en bois (très rare et précieux ici, même de nos jours !) très ouvragées. Leur ombre est salutaire pour échapper au soleil, redoutable même au mois de septembre…
La brique, matériau de construction facile à produire localement est traditionnellement faite de terre, de lait de chamelle (!) et de sang de taureau (!!) et était parfois scellée au jaune d’œuf (!!!). Ceci dit, elles ont fait leurs preuves en résistant à plusieurs tremblements de terre !
Les émaux turquoises et bleus qui les recouvrent sont un régal pour les yeux, et la figuration de tout humain ou animal étant interdite par l’islam, les motifs géométriques qu’ils forment font preuve d’une extrême inventivité.
Nous sommes même montés en haut du grand minaret de la ville (54m), épreuve plus extrême qu’on ne pourrait le penser, ici racontée par Pierre : « On accède au corps du minaret par un escalier en bois qui donne, par son aspect douteux, un premier aperçu de l’épreuve qui nous attend. Et en effet, l’ascension est à la hauteur de cet avant goût ! Nous cheminons dans un escalier aux marches très hautes, ne faisant pas plus de 60 cm de large et dans une quasi obscurité pour ce qui est du début, mais non contents de ces premiers obstacles, il faut aussi affronter la circulation des visiteurs en sens inverse… claustrophobe s’abstenir. Au sommet s’amassent les visiteurs qui y arrivent dans un flot continu et dont bien peu empruntent le sens inverse, me semble-t-il. De son sommet, on domine toute la ville tel un Khan et ces quelques moments pénibles sont vite oubliés au vu de la splendeur du spectacle qui nous est offert. Mais admirer ces beautés est une chose, les photographier en est une autre, bien plus ardue. En effet, les niches sont accaparées par de jeunes couples profitant de cet isolement tout relatif pour se frotter l’un contre l’autre, s’étouffer de baisers à l’abri de trop de regards, quitte à ne pas tout à fait maîtriser leurs ardeurs et à devoir honteusement cacher quelque grosseur au moment de redescendre… Je vous épargne le récit de la descente que vous n’aurez je pense aucun mal à imaginer ! »
Après toutes ces visites, nous méritons bien quelques moments de repos à l’ombre d’une vigne ou d’un carré de coton ouzbèk, dans une maison de thé (chaikhana). Autrefois réservées aux hommes, elles ont quand même fini par ouvrir leurs portes aux femmes !
Généralement, on s’installe sur un takhtan, genre de grand lit en bois au centre duquel est posée une table basse. Des coussins sous les fesses et dans le dos, une théière brûlante, quelques nans (galettes de pain) et voici la recette d’un bon moment entre amis.
Côté artisanat, mention spéciale pour les chapeaux ouzbèks ou tadjiks qui nous valent quelques fous rires…
Et, pour avoir une vue d’ensemble sur toutes ces merveilles, quoi de mieux qu’un vagabondage sur les remparts de la ville, en grande partie intacts ?...
Nous avons ensuite achevé notre découverte de la région par la visite de 3 Qalas (châteaux fortifiés construits entre le 1er siècle avant JC et le 5ème siècle après JC). La région en comptent près de 50 !
Après 2h de route (sans ceinture comme il se doit depuis le Vietnam), nous atteignons notre but. Les trois forts sont espacés d’une vingtaine de kilomètres les uns des autres, et ont en commun leur construction en brique et terre, leur plan carré, et leur position dominante dans le paysage.
On peut vagabonder à l’intérieur des remparts plus ou moins biens conservés, et apercevoir ça et là les restes d’une vie faste passée et d’une importance stratégique révolue : quelques murs formant un réseau de pièces carrées, restes de voûtes en briques, muraille imposante, meurtrières…
Emouvant, d’autant plus que nous sommes absolument seuls dans ces énormes ruines, qui savent malgré le temps et l’érosion imposer leur puissance aux humbles visiteurs que nous sommes.
Cette escapade hors de la ville nous a valu nos première rencontres avec les dunes de sable sous une chaleur infernale (ça brûle les pieds !)…
Bien repus de ces paysages superbes, et de la merveilleuse architecture de la ville que nous avons copieusement arpentée dans tous les sens, nous avons quitté la région pour 9h de route dans le désert (450km), Boukhara en ligne de mire…
Figée dans le temps, ses monuments ocre et azur nous ont directement transportés au temps où les caravanes de chameaux passaient les hautes portes des fortifications de la ville, et où mosquées et medressas fourmillaient d’activités.
La ville a connu son heure de gloire autour du 15ème siècle (Genghis Khan était passé au 12ème siècle et l’avait, bien entendu, réduite à néant). Son marché aux esclaves fut l’un des plus côtés d’Asie centrale, mais de ce marché il ne reste nulle trace physique. Au 17ème siècle, Khiva devient la capitale du khanat, et de nombreuses mosquées et medressas (écoles d’enseignement coranique) y sont construites, ainsi que quelques mausolées. Les caravanes qui y passent viennent de Boukhara, de Perse, d’Inde et de Russie… La ville a eu la chance de peu changer depuis, et est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco.
Nous avons donc eu la chance de déambuler parmi les monuments préservés et de nous perdre volontairement dans les ruelles tortueuses de la vieille ville.
Les monuments religieux paraissent d’autant plus raffinés que leurs briques émaillées azur, blanches ou turquoise et leurs motifs élégants contrastent avec la simplicité des maisons en briques de terre crue.
Les très nombreuses medressas sont souvent composées d’un large fronton avec une arche en ogive rappelant celle des mosquées, mais l’intérieur diffère : ces écoles sont souvent articulées autour d’un patio carré, avec des cellules d’étudiants très simples disposées sur deux niveaux.
Les mosquées n’ont généralement pas de patio intérieur, mais une vaste salle surmontée d’une grande coupole. Le mihrab indique la direction de la Mecque, et des niches abritent parfois des tombes d’hommes illustres devant lesquelles des fidèles se recueillent silencieusement en faisant le geste d’amin devant le visage en guise de remerciement.
Tous ces bâtiments comportent souvent des iwans, qui sont des sortes d’auvent reposant sur des colonnes en bois (très rare et précieux ici, même de nos jours !) très ouvragées. Leur ombre est salutaire pour échapper au soleil, redoutable même au mois de septembre…
La brique, matériau de construction facile à produire localement est traditionnellement faite de terre, de lait de chamelle (!) et de sang de taureau (!!) et était parfois scellée au jaune d’œuf (!!!). Ceci dit, elles ont fait leurs preuves en résistant à plusieurs tremblements de terre !
Les émaux turquoises et bleus qui les recouvrent sont un régal pour les yeux, et la figuration de tout humain ou animal étant interdite par l’islam, les motifs géométriques qu’ils forment font preuve d’une extrême inventivité.
Nous sommes même montés en haut du grand minaret de la ville (54m), épreuve plus extrême qu’on ne pourrait le penser, ici racontée par Pierre : « On accède au corps du minaret par un escalier en bois qui donne, par son aspect douteux, un premier aperçu de l’épreuve qui nous attend. Et en effet, l’ascension est à la hauteur de cet avant goût ! Nous cheminons dans un escalier aux marches très hautes, ne faisant pas plus de 60 cm de large et dans une quasi obscurité pour ce qui est du début, mais non contents de ces premiers obstacles, il faut aussi affronter la circulation des visiteurs en sens inverse… claustrophobe s’abstenir. Au sommet s’amassent les visiteurs qui y arrivent dans un flot continu et dont bien peu empruntent le sens inverse, me semble-t-il. De son sommet, on domine toute la ville tel un Khan et ces quelques moments pénibles sont vite oubliés au vu de la splendeur du spectacle qui nous est offert. Mais admirer ces beautés est une chose, les photographier en est une autre, bien plus ardue. En effet, les niches sont accaparées par de jeunes couples profitant de cet isolement tout relatif pour se frotter l’un contre l’autre, s’étouffer de baisers à l’abri de trop de regards, quitte à ne pas tout à fait maîtriser leurs ardeurs et à devoir honteusement cacher quelque grosseur au moment de redescendre… Je vous épargne le récit de la descente que vous n’aurez je pense aucun mal à imaginer ! »
Après toutes ces visites, nous méritons bien quelques moments de repos à l’ombre d’une vigne ou d’un carré de coton ouzbèk, dans une maison de thé (chaikhana). Autrefois réservées aux hommes, elles ont quand même fini par ouvrir leurs portes aux femmes !
Généralement, on s’installe sur un takhtan, genre de grand lit en bois au centre duquel est posée une table basse. Des coussins sous les fesses et dans le dos, une théière brûlante, quelques nans (galettes de pain) et voici la recette d’un bon moment entre amis.
Côté artisanat, mention spéciale pour les chapeaux ouzbèks ou tadjiks qui nous valent quelques fous rires…
Et, pour avoir une vue d’ensemble sur toutes ces merveilles, quoi de mieux qu’un vagabondage sur les remparts de la ville, en grande partie intacts ?...
Nous avons ensuite achevé notre découverte de la région par la visite de 3 Qalas (châteaux fortifiés construits entre le 1er siècle avant JC et le 5ème siècle après JC). La région en comptent près de 50 !
Après 2h de route (sans ceinture comme il se doit depuis le Vietnam), nous atteignons notre but. Les trois forts sont espacés d’une vingtaine de kilomètres les uns des autres, et ont en commun leur construction en brique et terre, leur plan carré, et leur position dominante dans le paysage.
On peut vagabonder à l’intérieur des remparts plus ou moins biens conservés, et apercevoir ça et là les restes d’une vie faste passée et d’une importance stratégique révolue : quelques murs formant un réseau de pièces carrées, restes de voûtes en briques, muraille imposante, meurtrières…
Emouvant, d’autant plus que nous sommes absolument seuls dans ces énormes ruines, qui savent malgré le temps et l’érosion imposer leur puissance aux humbles visiteurs que nous sommes.
Cette escapade hors de la ville nous a valu nos première rencontres avec les dunes de sable sous une chaleur infernale (ça brûle les pieds !)…
Bien repus de ces paysages superbes, et de la merveilleuse architecture de la ville que nous avons copieusement arpentée dans tous les sens, nous avons quitté la région pour 9h de route dans le désert (450km), Boukhara en ligne de mire…
In : 09 Ouzbékistan
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